(Sur)vivre en entreprise quand on est introverti.e

Je suis introvertie et l’ai découvert après 30 ans, via un test de personnalité MBTI (mon profil étant INFP, j’en parlerai plus tard).

J'ai été surprise car en raison d'une fausse croyance, je pensais qu’être introvertie voulait dire être timide & somnoler devant la vie qui défile (j'exagère un peu). Puis, en comprenant ce qu’était réellement l’introversion, j’ai compris quels étaient mes besoins & par la même occasion, que je ne les respectais pas.

Définissons d’abord les termes :

  • une personne introvertie se ressource seule, son monde intérieur la nourrit. Elle peut être timide mais ce n’est pas obligatoire, contrairement aux idées reçues.

  • une personne extravertie se ressource avec les autres. Les interactions avec le monde extérieur lui apportent de l'énergie. Elle peut avoir confiance en elle mais ce n'est pas obligatoire, même si elle semble en avoir les attributs ;)

On ne va pas se mentir : la société en générale & l’entreprise en particulier n’ont pas été construites pour / par les introvertis.

D’après mon expérience, j’ai trouvé qu’être introvertie en entreprise était assez difficile. Je partage ici les raisons liées au contexte professionnel & celles liées à la personne elle-même, les deux étant bien entendu inter-liées.

  1. Le contexte professionnel

    • L'hyper sollicitation

    Nous vivons dans une société où nous sommes constamment sollicités.

    A Paris, le calme est un luxe que seules peu de personnes peuvent s'offrir. Cette sollicitation est intégrée au monde professionnel - carrefour du pro & perso - via les e-mails, appels, WhatsApp, open-space, messagerie instantanée, interruptions répétées….

    Une sorte de "surchauffe" capable d'épuiser toute personne, introvertie comme extravertie. Les personnes introverties, qui ont besoin de calme pour se ressourcer, sont donc souvent en situation de déficit d'énergie par rapport aux personnes généralement moins sensible aux sollicitations extérieures.

    • Le fantasme du leader

    Si les soft skills prennent de plus en plus de place en entreprise, l’image du leader reste fortement imprégnée des attributs associés aux personnes extraverties.

    A l'instar des enfants les plus populaires à l'école, on imagine un leader charismatique, hyper-sociable, plein de répartie et dans l'action!

    Dans l'inconscient collectif, l'image associée au leader laisse peu de place aux profils plus discrets.

    Si la personne introvertie n'a (ou ne se donne) pas l'occasion de montrer ses qualités telles que : la réflexion, l'autonomie, l'écoute, la conciliation, la concentration etc. elle peut se sentir disqualifiée de fait de certains postes à responsabilité.

    • Un management souvent uniforme

    Au sein des équipes, les différents “profils” de personnalité ne sont pas forcément connus. La personnalité introvertie n'étant pas la plus courante, les modalités de travail et le management sont souvent plus adaptés aux profils extravertis.

    Il ne s'agit pas de tout faire en fonction de l'introverti.e qui a également un rôle à tenir, mais d'offrir des opportunités pour que chaque "profil" puisse exprimer ses qualités.

    • Les masques sociaux

    Le monde professionnel est certainement là où nous portons le plus nos masques sociaux. Se montrer dans sa vulnérabilité, semble souvent inapproprié, voire contradictoire, avec l'image de la réussite - ce que je trouve dommage.

    Si l’on caricature, l'introverti s'épanouit dans des conversations profondes quand l'extraverti aime les conversations plus simples.

    Or, tenir une conversation profonde est plus difficile avec un masque social. Autant dire qu’une personne introvertie peut vite se sentir épuisée à tenir participer à des conversations qui ne la nourrissent pas.

    • La réunionnite

    Toutes les réunions ne sont pas nécessaires et ce pour diverses raisons : les personnes, la durée, le sujet, le contenu, la fréquence …

    Plus ces réunions non-nécessaires seront fréquentes, moins l'introverti se sentira utile.

    Un introverti sera certainement meilleur à la conceptualisation d'une réunion qu'à sa participation si sa présence n'est pas nécessaire.

  2. La personne introvertie

J'envisagerai 3 situations assez proches :

  • L'introverti.e qui s'ignore

Il me semble important de découvrir son type de profil, idéalement encouragé par son employeur, au risque de :

- ne pas comprendre ses besoins & ne pas les exprimer avec simplicité

Le flou quant à un fort besoin d'intériorité peut entraîner repli sur soi / sur-adaptation. Une fois ses besoins intégrés, il est plus simple de les communiquer de manière claire, dans le respect d'autrui. Exemple : "Les journées sont denses, j'ai besoin de calme pour me ressourcer. Je marcherai seul(e) à la pause déjeuner ce qui me permettra d'avoir plus d'énergie pour la réunion de cet après-midi".

- culpabiliser d’être qui l’on est

L'introverti qui s'ignore peut ressentir une forte culpabilité, avoir l’impression de ne pas être comme tout le monde et ne pas faire plus d'efforts pour le “devenir”.

Comprendre qu'il ne s'agit pas de changer mais de respecter ses besoins & d’adopter une écologie personnelle permet de réduire la culpabilité.

  • L'introverti.e qui se sur-adapte

La solitude est encore mal vue. Qu'il s'agisse du monde professionnel ou personnel, la solitude reste souvent connotée négativement.

Une personne introvertie peut se sur-adapter, "trop en faire" pour correspondre à un modèle d’ultra-sociabilité pour prouver qu'elle aussi, est "sympa".

En l'absence de sas de décompression, un introverti qui se sur-adapte en permanence arrivera à l'épuisement voire au burn-out, puisqu'il va à l'encontre de ses besoins essentiels. Cet épuisement est d'ailleurs favorisé par le contexte d'hyper-sollicitation évoqué précédemment.

  • L'introverti.e qui s'exclut

Un introverti peut choisir de s'isoler et/ou de porter le masque de l'asocial pour éviter les interactions qui le gênent.

Les autres personnes ne comprennent pas forcément cette réaction mais surtout, la personne introvertie nie une partie d’elle-même et en reste la principale “victime”.


Pour résumer, des considérations sont à prendre de chaque côté, pour qu'un introverti puisse (sur)vivre en entreprise :

  • pour l'employeur : favoriser la prise en compte des différents profils, proposer des moyens pour que chaque personne puisse mettre en avant ses compétences

  • pour l'introverti.e : prendre conscience de ses besoins, les respecter & les formaliser de manière simple, sans s'exclure.

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